» Un jardin qui, même au début octobre, embaume le chèvrefeuille, la lavande et la menthe et où rougissent encore quelques fraises. Un jardin où l’on peut s’allonger sur la pelouse, bercé par le bruit d’une cascade ou le son mat d’un bambou. Un jardin où l’on peut admirer des papillons et des oiseaux, toucher les végétaux, remuer la terre. Des plaisirs simples mais essentiels quand on est lourdement handicapé.Instruments de musiqueCe jardin sensoriel est accessible depuis cet été aux 40 résidents de la Maison d’accueil spécialisé (Mas) Robin-des-Bois, ouverte il y a un an et demi. Toutes les chambres de plain-pied ont accès au jardin mais, pour le moment, l’accès y est limité. Les résidants doivent apprivoiser les lieux avec leurs accompagnateurs.Ce lundi après-midi, Almyre et Sylvain sont en repérage avec Annie, l’éducatrice. Dans la maison, Almyre pilote parfaitement son fauteuil électrique mais, sur le sentier, les virages sont encore difficiles à négocier. Il lui faut prendre ses repères. Pour ce qui est de l’agencement des lieux, pas de problème.Le voilà qui commence la visite par le théâtre et ses gradins. Il se produira bientôt sur la petite scène avec d’autres résidents, devant des enfants des Cochereaux, un centre aéré voisin. L’ouverture sur l’extérieur et l’accueil de visiteurs sont privilégiés à la Mas.Le labyrinthe végétal voisin est encore un peu jeune. Trop tôt pour s’y cacher, mais ce n’est que partie remise. Voilà la première des structures musicales monumentales conçues et réalisées par un musicien angevin, Robert Hébrard. En plus d’être de beaux objets, « ces instruments sont simples à utiliser et permettent même à ceux qui n’ont pas une dextérité très fine de produire des sons », explique Annie Le Guichard.Grand amateur de musique, Sylvain saisit un gros maillet et tape sur les bambous. Heureux des sons obtenus. Un peu plus loin, il actionne une fontaine sonore, un orgue, ou une roue marine qui évoque les vagues sur le sable. « J’aime bien écouter, ça me détend », lance Almyre dans un grand sourire.Un tunnel pour crierSon coin préféré, pourtant, ce sont les bacs à légumes. Un éducateur y a planté herbes aromatiques et fraises. Mais, au printemps, ce sont les résidants qui sèmeront radis et autres végétaux avant de les manger. Les bacs ont été placés à hauteur de fauteuil. Chacun pourra y travailler la terre. Sylvain a repéré une fraise. « Ici, elles n’ont pas le temps de rougir », plaisante Annie.Voilà une sorte de tunnel. À quoi sert-il ? « A parler fort, à crier. Ça résonne ! », lance Almyre avec gourmandise. Si le jardin est conçu pour stimuler les sens, on peut aussi s’y reposer, prendre l’air. Balancelles et vastes pelouses sont là pour cela. « Aux beaux jours, nous pouvons allonger les résidants sur l’herbe. Pour ceux qui sont toujours allongés dans un corset, ça fait du bien de s’étirer. »Laurence PICOLO.Clément Mazier, vice-président de l’Adapei 72 (Association départementale des amis et parents de personnes ayant un handicap mental) est le « père » de ce jardin sensoriel pensé en même temps que la maison d’accueil spécialisé Robin-des-Bois. La Ddass(Direction départementale des affaires sanitaires et sociales) a contribué au tiers du financement du jardin. Un mouvement de solidarité a permis de boucler le budget (160 000 €). «